mardi 5 avril 2022

Au premier regard. Uphrosine #Abandon #AD86 Série 3 X 101

 



"On l'a trouvée la veille à huit heures et demi du soir avec un billet portant son nom, où j'ai mis son numéro. Une guenille pour drapeau, deux langes blanc dont l'un est bordé d'un ruban large violet et blanc. Sur le billet est cousu un large ruban blanc satiné, une petite rognure de ruban bleu et un cachet où est imprimé des attributs de l'amour. "

Le 30 avril 1793, le regard d'Uphrosine croise celui du citoyen PATRE. 

Mais qu'a-t-elle de particulier Uphrosine ?

L'archive ne le dit pas. 

Comme elle ne dit rien d'autre que ces quelques éléments de vêture et ce billet d'amour. 

Toujours est-il que le citoyen PATRE croise le regard d'Uphrosine. 

Toujours est-il que le citoyen PATRE choisit de se charger d'Uphrosine. 

Pourquoi ? Pour qui ? 

L'archive ne le dit pas non plus.

Toujours est-il que le citoyen PATRE n'est pas n'importe qui.



"L'enfant n'est plus à la charge de l'Hospice. Le citoyen PATRE, cidevant médecin de cette même maison paye la pension à la nourrice. "

Qui est la nourrice ? La femme d'Hilaire TOULOMB, place Saint Pierre, faubourg Saint Simplicien, près de l'auberge de Léléfant. 

Le citoyen PATRE, cidevant médecin de l'Hôtel Dieu s'est-il chargé de ce nouveau-né pour mieux le confier à l'une de ses amies en mal d'enfant ? 

L'archive ne le dit pas non plus. 




lundi 4 avril 2022

Miracle sous la Révolution - BLUCHE Nicolas George Léonard - #Abandon #AD86 Série 3X101

 







Enregistré le 13/05/1792 sous le numéro 377

Nicolas George Léonard PLUCHE est né à l'Hôtel Dieu où sa mère entrée malade au même hôtel lui a donné le jour.

Pour donner une chance à l'enfant, donner une chance à la mère : "Nourri à l'Hôtel Dieu par une femme que je paye jusqu'à ce que la mère puisse le nourrir elle-même. "

" Le dit enfant est fils légitime de Léonard BLUCHE et de Marguerite De la BAURIE son épouse, entrée malade d'une grosse fièvre le 10 août 1792 et est accouchée le 13 du même mois dans la salle de Saint Thomas lit n°18. La mère et l'enfant sortent de l'Hôtel Dieu aujourd'hui 22 août 1792."

Définition d'un miracle : Entrer à l'Hôspice enceinte en 1792 avec une grosse fièvre. Accoucher d'un enfant vivant. Ne pouvoir le nourrir pendant 10 jours, guérir sa fièvre tandis qu'il survit. Sortir de l'Hôtel Dieu vivante avec un enfant vivant dont on ne donnait pas cher (baptisé sous condition).

Mes moteurs de recherche habituels (Hérage, Filae, Généanet) ne me disent hélas pas ce qu'est devenu cet enfant. Si vous avez des nouvelles, faites moi signe. 

lundi 28 mars 2022

Abandon - Indexation - Série 3X101

 



Au royaume des insomniaques et autres impatients, Tétris est une drogue douce, l'indexation est une drogue dure. 
Je ne promets pas que j'irai au bout du registre, je n'en suis qu'à la page 46 et il y en a 311. 
Mais je mets à disposition le travail fait. Il donne une petite idée du désastre de l'abandon et illustre les études historiques que vous lirez sur le sujet. 
Le registre de la série 3X 101 commence en juillet 1787. A cette époque, les enfants ne sont pas encore tous regroupés sur Poitiers. Souvenez-vous, un seul lieu pour l'abandon c'est en 1834, décision du Conseil général et colère du maire de Châtellerault. 
On pourrait détailler les relevés, décrire toutes les vêtures, nommer tous les enfants. Mais le mieux est l'ennemi du bien. L'idée est de donner une chance de trouver un arbre à ceux qui ont survécu et de tenter de retracer leur chemin. 
J'ai fait simple, lorsqu'il y a des données, les filles sont en rose et les garçons en bleu ;)



samedi 26 mars 2022

Abandon - Mieux comprendre - Repères chronologiques et Bibliographie.




 Je réunis ici les articles disponibles qui permettent de mieux comprendre ces archives particulières contenues dans la série 3X, toutes ces histoires d'abandon d'enfants, tristes reflets des coutumes passées. 

Les Grandes étapes et lois de l'abandon. 

Sous l'Ancien Régime. 

  • Au XVIe siècle - François 1er répartit, entre différentes institutions religieuses, les enfants sans parents en fonction des raisons de leur délaissement : enfants non malades délaissés de leurs pères et mères, enfants étrangers, enfants légitimes de parents emprisonnés ou tués, enfants exposés. 
  • Au XVIIe siècle 
    • Saint Vincent de Paul organise et encadre le soin de ces enfants : nourrices à la Couche, placement rural. 
    • en 1670, Louis XIV transforme la Couche en Hôpital des Enfants Trouvés. Les enfants trouvés sont placés en nourrice jusqu'à 4 ou 5 ans, puis ramenés à Paris. Les déplacements se font par meneurs. Les résultats de cette organisation sont mauvais. 
  • Au XVIIIe siècle 
    • 1761 - On décide de laisser les enfants  en placement familial jusqu'à 25 ans (majorité légale). Les nourriciers doivent les instruire, leur apprendre un métier, les élever comme leurs propres enfants. Le garçon placé peut remplacer le fils de famille au tirage au sort pour la milice. 
    • 1772  : A partir de l'âge de 20 ans, les enfants placés sont gagés. 
  • Qui sont ces enfants :
    • A Paris, 7676 admissions en 1772, point culminant, un cinquième des enfants de Paris. 20 à 30 % sont des enfants légitimes. Presque la moitié des enfants de bourgeois de Paris sont illégitimes et abandonnés. Enfants d'artisans, de compagnons, de domestiques, de parents indigents. La grande misère est la raison principale de l'abandon, les marques laissées montrent l'espoir de réclamer l'enfant aux jours meilleurs. Mais 9/10 d'entre eux n'atteignent pas l'âge de 10 ans. 

La période Révolutionnaire. 

  • Les grandes lignes de l'organisation de l'Assistance Publique se mettent en place. L'aide devient un devoir de l'Etat. Les enfants trouvés deviennent les "enfants naturels de la patrie". L'admission des nouveau-nés se fait à bureau ouvert. 
  • Dans la Vienne :
    • A Poitiers le premier registre d'abandon commence en 1787. A cette époque, les enfants sont exposés à la porte des boutiques la plupart du temps, puis progressivement à la porte de l'Hôtel Dieu, ou accrochés à la cloche de l'Hôtel Dieu. 
    • De quand date l'installation du Tour à l'Hôtel Dieu de Poitiers ? Je ne sais pas. Mais le registre de la Série 3X101 mentionne le 4 octobre 1792 que François dit Naud, enregistré sous le numéro 391 a été trouvé la veille à 10h du soir dans le tour avec un billet portant son nom tout en guenille. 

Au XIXe siècle. 

  • 1811 janvier - Décret des règles d'assistance à l'enfant 
    • Trois catégories d'enfants : trouvés, abandonnés, orphelins pauvres. 
    • Mise en place du Tour destiné à recevoir les enfants trouvés dans chaque hospice. Il s'agit de lutter contre l'infanticide en assurant le secret absolu de la naissance. Il s'agit aussi de rendre impossible le retrait de l'enfant afin de limiter l'abandon. Echec de la diminution du nombre d'abandons. 
  • 1818 - 27 juillet : Passer au cou de chaque enfant, au moment de son départ de l'hospice, un collier scellé avec une plaque d'étain portant pour empreinte la désignation de l'hospice, l'année d'exposition et le numéro d'ordre de l'enfant. 
  • 1826 - 20 mai : confirmation des dispositions relatives au collier qui sera gardé jusqu'à l'âge de 12 ans. 
    • Le but est d'empêcher la substitution d'enfant qui était courante. 
    • Quelques inconvénients à ce dispositif : le collier blesse l'enfant et il faut l'enlever. Il peut être facilement retiré, il est trop visible et attire l'attention sur ces enfants. 

  • 1827 - Juillet : On décide de déplacer les enfants dans un autre département, toujours pour limiter les abandons. Mesure efficace mais inhumaine rapidement abandonnée. On met en place des bureaux d'admission afin de proposer des secours à la mère. Les secours sont accordés par le Préfet, seules pouvaient y prétendre les filles mères pour la première fois. Dans certains départements des aides sont proposées aux mères légitimes indigentes
    • Dans la Vienne : Echange d'enfants de département à département (1831-1839) AD86 Série 3X60
  • 1834 Dans la Vienne le conseil général décide qu'à partir du 1 janvier 1834, les enfants trouvés et abandonnés ne seraient plus reçus que dans le seul hospice de Poitiers. 
  • 1842 : il est proposé de substituer au collier des boucles d'oreilles qui ne seraient gardées que jusqu'à l'âge de 6 ans. Le procédé se met en place dans la Vienne, mais les infections sont très fréquentes car les alliages sont de mauvaise qualité et l'idée sera abandonnée.
    • Dans la Vienne :
      • Remplacement du collier par des boucles d'oreilles en argent fin (1818-1843) AD86 Série 3X60
  • A cette époque on trouve également des "enfants en dépôt", envoyés par le directeurs des hospices et appartenant à des parents admis comme malades. Dans la Vienne, on trouve ces enfants en dépôt dès la période révolutionnaire. 
  • 1856 : Dans la Vienne Fermeture du Tour à Poitiers. 
  • 1887 : création des asiles maternels. 
  • 1889 : Loi sur la déchéance de la puissance paternelle et protection des mineurs délaissés. 

Les lieux de l'abandon à Poitiers 
  • L'Hôtel Dieu de Poitiers puis l'hospice national.

Les registres d'abandon de Poitiers commencent en 1787. Jusqu'en 1792, les enfants sont exposés aux portes des boutiques, aux portes des églises, aux portes de l'Hôtel Dieu. C'est le 4 octobre 1792 que le registre mentionne que François dit Naud (n°391) " a été trouvé de la veille à 10h du soir dans le tour, avec un billet portant son nom, tout en guenille." Le tour semble adopté très rapidement car dès les pages suivantes, les enfants sont pratiquement tous décrits trouvés au Tour. 
C'est à l'Hôtel Dieu qu'ils sont enregistrés. On leur attribue un numéro et on détaille sur le registre toutes les informations concernant l'abandon : date, heure, description de la vêtures, mentions distinctives. Ces enfants sont ensuite confiés à des nourrices sur Poitiers, quelquefois dans les communes avoisinantes ou plus lointaines. 
A la Révolution l'Hôtel Dieu devient l'Hospice National (mentionné ainsi en 1794)
Les différentes directrices de l'Hôtel Dieu comme celle de l'hospice veillent au suivi en nourrice de ces enfants autant qu'il leur est possible. On sent, à la lecture des notes, une réelle bonne volonté à protéger les enfants confiés, à suivre leur devenir, malgré la mortalité effarante qui accable ces enfants dont 80 à 90% ne survivent pas à la première année d'abandon. 


Note sur l'Hôtel Dieu de Poitiers : 
Lors de sa création, l’Hôtel-Dieu-Notre-Dame ne comprenait qu’une vingtaine de lits. Trop petit et situé en face du marché de la ville, la nécessité de le déplacer se fit rapidement ressentir. Cette constatation fut également remarquée par Louis XIV qui avança des fonds afin de permettre le déménagement de cet hôpital. Malheureusement, pour des raisons diverses, ce déménagement n’eut jamais lieu et l’Hôtel-Dieu dut s’agrandir sur place. Cet extension permit cependant à l’établissement d’atteindre une centaine de lits à la fin du XVIIIe siècle. A l’heure actuelle, ces bâtiment existent toujours et abritent la Faculté de droit.

Durant les guerres de Vendée, de nombreuses confiscations d’édifices religieux conduisirent l’Hôtel-Dieu a se délocaliser dans les bâtiments de l’ancien grand séminaire (l’Hôtel Pinet, où siège actuellement l’Université). L’établissement devint alors un hôpital civil et militaire ayant une capacité de 300 lits. Cette capacité stagnera à ce niveau jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Par la suite, de nouveaux services ouvrent leurs portes et nous assistons à la naissance de la maternité, de l’école de médecine, du pavillon des contagieux, de l’aile militaire et du sanatorium. Une partie de la caserne Dalesmes est également réquisitionnée afin d’assurer le développement du centre de soins.

  • L'hôpital Général de Poitiers
Lorsqu'ils survivent, lorsqu'ils ne restent pas chez leurs nourriciers, les enfants sont déplacés à l'Hôpital général, à l'âge d'environ 8 ans. L'établissement a pour mission d'enfermer les plus démunis. 


Note sur l'Hôpital Général. 

Créé en 1657, ce lieu avait pour mission « d’enfermer » les plus démunis. Son rôle était également de recueillir les enfants abandonnés et les vieillards invalides. Ces missions conduisent l’hôpital à héberger plus de 700 personnes durant les famines du XVIIIe siècle.

Au terme de la Révolution, l’hôpital général perd son caractère carcéral, garde son caractère social (il continue d’accueillir les enfants abandonnés et les vieillards) et adopte un caractère sanitaire avec les aliénés. Il fermera ses portes en 1927 et transférera temporairement les aliénés sur Pasteur. Son activité reprendra en 1937 où il agira en tant que lieu d’hébergement des réfugiés espagnols. Il retrouvera ainsi une mission sanitaire en 1940 avec l’arrivée des malades de certains hôpitaux de la Moselle.

 Source : Site du CHU de Poitiers


A lire en ligne : 



vendredi 25 mars 2022

1834, Un seul lieu pour l'abandon, Poitiers. Le dégoût de Martinet, maire de Châtellerault. #AD86 Série 3X

 




Le Conseil général décide qu'à partir du 1er janvier 1834, les enfants trouvés et abandonnés du département ne seraient plus reçus que dans le seul hospice de Poitiers. 
Les Tours de Châtellerault, Montmorillon, Loudun, Civray sont fermés et les enfants ne peuvent être pris en charge sur place. Il faut les transporter à Poitiers. 
Dans l'intervalle, aucun n'est confié à une nourrice. 
Nous sommes en 1834, les transports sont encore très rudimentaires, il n'y a pas non plus de lait maternisé.

MARTINET, maire de Châtellerault et le Directeur de l'hospice de Poitiers expriment leur réprobation, leur dégoût et les conséquences au Préfet de la Vienne. 

Pas de réponse du Conseil général. 
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Monsieur le Préfet, 
La mesure prise par le conseil général de supprimer les tours des arrondissements, dans lesquels on déposait les enfants trouvés, place l'administration des chefs lieux dans un embarras fort pénible ; voici celui dans lequel nous nous trouvons en ce moment : une fille inconnue est venue chez l'une de nos sages-femmes, pour y faire ses couches ; elle est dénuée de tout, elle ne peut allaiter son enfant ; et sans parents, sans asile, cette malheureuse accueillie par une femme charitable est dans la nécessité de se séparer du fruit de son égarement. Je viens de donner des ordres pour qu'il fut porté à Poitiers ; j'ai assuré la sage-femme que le bureau de bienfaisance l'indemniserait des soins qu'elle a donnés et des frais qu'elle a faits. 
Si pareille circonstance ne se présentait que cinq à six fois par an, ce serait pour le bureau une charge supportable ; les frais de transport des enfants ne grèveraient pas la commune d'une somme considérable ; mais nous ignorons où cela pourra se borner ; nous sommes exposés à ce qu'on regarde la ville de Châtellerault comme une espèce d'entrepôt, où l'on apportera les enfants qui s'en trouveront plus près que de Poitiers : sur quelles ressources prendre les fonds indispensables aux frais des transports aussi éventuels ? Ne serait ce point d'ailleurs nous imposer, par notre prévoyance, une charge que nous ne devrions nullement supporter pour les autres communes ? 
Vous voyez, Monsieur le Préfet, que si je viens vous demander les secours de votre sagesse, ce n'est pas sans un besoin réel ; la matière est bien délicate ; ce sont les premiers soins surtout, que réclame la faiblesse de ces petits malheureux, que nous ne pouvons faire donner ailleurs qu'à l'hospice, s'il était impossible de les transporter : cela peut arriver souvent. Comment en faire entrer d'ailleurs, quand il y a défense d'y recevoir aucun enfant depuis le 1er janvier ? 
Les auteurs de cet essai, que je ne qualifierai pas, de peur de commettre une injustice, auraient du organiser des espèces de convois dans chaque chef-lieu de canton, qui auraient reçu et transporté les enfants trouvés tous au même point, puisqu'on a pensé que cette mesure pouvait produire de bons effets. Toutefois, dans l'état actuel des choses, je prévois beaucoup d'embarras, de dépenses, et je dirai, de dégoût, car il est bien pénible de se voir obligé d'exposer à beaucoup d'accidents, les pauvres êtres qui ne demandent que des soins et du repos ! 
Veuillez accueillir avec bienveillance la demande que j'ai l'honneur de vous adresser et recevoir Monsieur le Préfet, l'assurance de mon respect. 
Martinet. 

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La commission administrative des hospices de Poitiers
A M. le Préfet de la Vienne
Monsieur le Préfet, 
Chaque jour nous apporte de nouvelles preuves de l'erreur dans laquelle s'est jeté le conseil général en supprimant les tours des arrondissements et notre devoir comme protecteur des enfants trouvés, est de vous signaler les abus auxquels cette mesure donne lieu, afin que vous puissiez en faire part au conseil général, à sa prochaine réunion, et l'engager à revenir sur sa décision, que nous regardons comme si contraire à l'intérêt des enfants et à la morale. 
Depuis le 11 jusqu'au 25 janvier dernier, cinq enfants ont été apportés à l'hôpital général : 3 de Châtellerault, un de Montmorillon et un un de Saint-Secondin, arrondissement de Civray. L'un des enfants venus de Châtellerault, né très fort est mort peu de jours après avoir été privé de soins pendant plusieurs jours, celui de Montmorillon, né le 20, exposé le 21 à la porte d'une sage-femme, n'est arrivé au dépôt que le 25 et ce n'est qu'à force de soins qu'on est parvenu à le conserver. 
La suppression des Tours n'a donc pas pour résultat de rendre moins fréquentes les expositions, mais de faire périr beaucoup d'enfants, et d'aggraver les positions déjà si fâcheuses des hôpitaux de Poitiers, car tous les enfants ne sont pas placés à la campagne et c'est là une des causes, la principale cause de l'accroissement que reçoit la population de l'hôpital général. 
Que les enfants soient exposés à Châtellerault, à Montmorillon et à Loudun, ou qu'ils le soient à Poitiers, la dépense est toujours la même pour le département ; mais la chose n'est pas indifférente pour les établissements confiés à nos soins. 
Agréez Monsieur le Préfet, l'assurance de notre respect. 

jeudi 24 mars 2022

Adoptable Angélique - Série 3 X 101

 


Adoptable Angélique ! 

Angélique, juste née et abandonnée le 15 Floréal de l'An 7 (4 mai 1799) environ sur les neuf heures du soir ; Sur la tête un morceau de toile pour têteron une cayenne de bazin fin, blanc piqué à carreaux, bordé d'un ... bleu garni d'une grosse dentelle à piquots. Un lange de revêche gris bleu neuf un mauvais de droguet? gris blanc en bon drapeau de grosse taille. Point de marque distinctive. 

On la baptise à Notre Dame à Poitiers et elle est confiée à ses nourriciers : Pierre GABILLAUD de Jaunay le 28 Thermidor. 

Adorable Angélique va survivre, grandir et croiser la chance.  

En dehors des enfants adoptés par leurs nourriciers, les rares enfants confiés dans ce registre le sont hors département. S'agit-il d'un accord, d'une règle ? 

Dans sa lettre, la femme BACOUILLARD de Saint-Maixent met les formes les plus respectueuses pour convaincre une dernière fois la responsable du service des enfants trouvés, Mademoiselle Chantal BOISTARD, de lui confier cette petite Angélique. 



Lisons ensemble : 

Mademoiselle, 

J'osais me flatter d'avance que vous auriez la bonté de seconder mes désirs. D'autant plus que je ne me proposais qu'un acte de bienfaisance. Je dois donc m'applaudir de mes sollicitation auprès de vous Mademoiselle. Je vous prie de croire que mes réflections étaient faites avant de prendre la liberté de vous faire faire des démarche en ma faveur et à l'avantage d'une infortunée à qui je ferai le bonheur si elle s'en rant digne, je suis toujours dans les mêmes sentiment de la faire prendre pour la Mi Carème par une personne de notre ville qui doit conduire une modiste dans une petite voiture. Je le priray de vouloir bien se charger de ma petite fille je crois que je laimeray beaucoup je me fais une grande joye de la recevoir Etant choisie par la plus aimable, la plus respectable personne que je connaissent, sil y a quelques débourcé à faire je vous  prie de me le marquer je vous le ferai passer de suite.......

Je vous serai obligée de vouloir bien vous informer si la petite a eu la petite verolle ou si elle a été vaccinée, il ne me reste plus mademoiselle qu'à vous prier d'agréer 

l'expression de ma sincère reconnaissance et de me croire avec lestime et la considération la plus distinguée. 

Votre très humble servante

femme Bacoüillard 

Ma famille sensible à votre gracieux souvenir me charge de vous en témoigner sa reconnaissance et de vous assurer de toute notre estime 

St Maixent le 1er Mars 1802

Faute d'aucation je prend le party de la mettre à la poste.


Depuis combien de temps la femme BACOUILLARD attend-elle cette enfant ? Se sont-elles déjà rencontrées à Poitiers ? Quelles furent les autres étapes de cette démarche d'adoption ? Sa famille semble connaitre Melle BOISTARD, s'agit-il d'un arrangement particulier ? 

La motivation de la femme BACOUILLARD est certaine, toute sa lettre le dit, mais elle le dit à la manière de l'époque avec ses inquiétudes, ses doutes mais aussi son rang qui transparaissent dans ces quelques lignes. On hésite entre émotion et sourire. Séduire pour convaincre, plaider sa cause, se garder des maladresses, hier les démarches d'adoption étaient déjà bien difficiles...

 Ainsi Angélique sera aimée, c'est certain, car la femme BACOUILLARD fera le bonheur de cette infortunée "si elle s'en rend digne". Elle l'appelle déjà "ma petite fille", elle répète "je crois que je l'aimeray beaucoup", touchante incertitude . Elle s'inquiète déjà de sa santé, a-t-elle eu la petite vérolle ou a-t-elle été vaccinée ?

Qui est la femme BACOUILLARD de Saint-Maixent ? 


Une recherche rapide dans Filae nous propose un mariage entre Jean-François BACOUILLARD et Marguerite Françoise HAMEAUX le 30 janvier 1797. BACOUILLARD est marchand, agé de 28 ans au service depuis 5 ans. Marguerite, elle, est âgée de 36 ans. 

On ne retrouve aucun enfant pour ce couple. 5 ans plus tard, c'est sans doute ce berceau désespérément vide qui pousse Marguerite à l'adoption d'une petite fille de 3 ans. 

Un joli petit ange que cette Angélique que Marguerite traitera à coup sur comme une marquise ! 

Hélas, indomptable Angélique, à ce jour, aucune archive  ne confirme ce doux chemin de vie que l'on espère avoir été le sien.  






mercredi 23 mars 2022

Série 3 X - Notices de salle de lecture.

 Ces notes sont issues de mes visites aux AD86, des notices du répertoire et des dossiers consultés. 

  • Quelques définitions. 

- un enfant exposé est un enfant abandonné anonymement. Les lieux varient du tas de bois au tour d'abandon, en passant par les portes des maisons...

- on appelle "enfant trouvé", un enfant dont l'exposition a eu lieu et qui est né de père et de mère inconnus. Ils sont réputés par la loi illégitimes jusqu'à preuve acquise du contraire. 

- un enfant abandonné est un enfant légitime qui, à raison de la disparition, l'emprisonnement ou la condamnation de leurs père et mère sont assistés par les lois aux enfants trouvés. 

- un orphelin pauvre est un enfant né d'un mariage légitime qui en raison de l'indigence de ses parents ou de la mort de l'un ou l'autre est appelé à jour des fondations faites dans les hospices, pour la nourriture, l'entretien et l'éducation des enfants légitimes. Par décret du 19 janvier 1811, ils jouissent du même régime que les enfants trouvés. 

  • Colonies agricoles de la Vienne :

- Les Bradières à Lavoux (1850 environ)

- Domaine de la Gabidière à Montmorillon (1845)

  • Quelques dates fondamentales pour comprendre ces archives : 

    • 1er Janvier 1834 : Décision du conseil général. Tous les enfants trouvés et abandonnés du département ne seront plus reçus que dans un seul hospice, celui de Poitiers (séances de Janvier et Juillet 1833) (Série 3X 115)


    • 1er Janvier 1856, fermeture du tour de l'Hopital général de Poitiers. Mise en place d'une nouvelle série de numéros d'immatriculation des enfants admis à l'assistance publique à cette date (Série 3X 141)