dimanche 9 décembre 2012

Eugénie exposée le 18 Janvier 1832 - Angliers (86)


Parmi les quinze expositions d'Angliers, c'est le premier panier que l'on dépose dans un endroit isolé.
Celui ou celle qui livrait ce paquet a-t-il craint d'être surpris, reconnu, a-t-il du prendre la fuite?
A-t-on déplacé ce panier ?
Toujours est-il qu'elle aurait pu rester là trop longtemps cette petite Eugénie. Elle a du crier bien fort la petite Eugénie par cette nuit de janvier. Le temps glacial est toujours trop long, posée à peine à l'abri sur le tas de bois de charpente d'Urbain PATRI. Urbain. PATRI qui avec le temps est redevenu simple cultivateur, et a fini par se défaire du X puis du S de son patronyme.
Eugénie hurle-t-elle toujours au petit matin ? 
Urbain Patri trouve le panier à 6H du matin.
Urbain ne cherche pas de témoin. Ses anciennes fonctions municipales le mettent  peut-être à l'abri des suspicions.
 Les temps changent. Les abandons se multiplient.
Le trousseau ne varie pas.
Le linge du nouveau-né est de qualité, mais aucun mot ne l'accompagne.
Eugénie est confiée à la femme PENNIER nourrice, en attendant d'être confiée comme tous les autres désormais à l'hospice de Loudun.
Peut-être sera-t-elle renommée, confiée à une autre nourrice, adoptée. Nous essaierons d'en savoir plus.
1832, monarchie de Juillet,  le prénom d'une future impératrice et un nom de famille banal aujourd'hui qui raconte la misère d'hier.



L'an mil huit cent trente deux le dix huit du mois de janvier à huit
heures du matin, par devant nous maire, officier de l'état civil de la commune
d'Angliers, canton de Moncontour, département de la Vienne, est comparu
Urbain PATRI cultivateur agé de quarante deux ans, domicilié au bourg
et commune d'Angliers qui nous a déclaré que le dix huit du dit mois
de Janvier sur les six heures du matin étant seul il a trouvé dans
l'avenue du chateau du dit Angliers qui conduit à la grande route de
Loudun à main droite l'endroit appellé la Barrière à deux mètres de distance
de sa porte pour aller à sa cour sur les bois de charpente à lui appartenant
un enfant du sexe féminin lequel nous le présente emmailloté d'un linge
blanc par dessus un langeroux noir munis d'une brassière d'une chemise d'un bonnet
d'indienne rouge une couverture noire Le tout dans une gourbeille, après
avoir visité l'enfant, avons reconnu qu'il était du sexe féminin qu'il
paraissait agé d'environ huit à dix heures, n'ayant aucune marque à
notre apparence ni aucun écrit qui ne nous le fasse reconnaître. De suite avons
inscrit l'enfant sous les noms et prénoms de Eugénie DUBOIS, et avons ordonné qu'il
soir remis à Marie RICHARD femme PENNIER habitante dudit Angliers qu'il veulent se
charger du dit enfant.
De quoi avons dressé Procès verbal en présence de Louis AUCHER laboureur
domicilié au dit Angliers agé de quarante deux ans et de Louis BOUREAU
garde champêtre de la commune d'Angliers agé de vingt neuf ans qui ont
avec nous signé après qu'il en a été donné lecture du contenu du procès
au présent procès verbal;

AD 86 Angliers N 1830/1842 page 13/80
Nom : DUBOIS
Prénom : Eugénie
Date : 18/01/1832
Heure de découverte : 6H du matin
Lieu de découverte : Barrière de l'avenue du chateau
Découvert par: Urbain PATRI cultivateur
Noms des parrain et marraine, témoins : Louis AUCHER, Louis BOUREAU
Description : bon linge
Documents laissés : non
Confié à :  Marie RICHARD femme PENNIER nourrice.


Elle va survivre notre petite Eugénie et  revenir vivre chez la femme PENNIER (PANIER) sa nourrice.
Nous retrouvons sa trace sur les registres de Loudun. 








Eugénie dans son malheur a beaucoup de chance. Marie RICHARD sa nourrice n'est pas mariée à n'importe qui. Jean PENNIER (ou PANIER selon les actes) est sacristain et instituteur, comme indiqué sur l'acte de mariage du 13 juillet 1824 à Angliers



Eugénie apprend peut-être à lire et devient domestique dans la commune de Chalais (Vienne), elle y rencontre Pierre Renoué, terrassier, fils majeur naturel, comme elle. Ils se marient à Chalais le 10 janvier  1854. Toute la famille PENNIER est là. L'un des fils, lui même instituteur est témoin de la promise. Il est indiqué sur l'acte de mariage que Pierre Renoué est né le 18 juin 1825 à Saint-Jean-de-Sauves. Rien n'est mentionné dans le registre de cette commune. Mais l'arbre de Jean Favre, en ligne sur Généanet,  nous délivre un doux secret de famille "Pierre aurait été trouvé à sa naissance sur un tas de pierres dans le village de Renoué, d'où son prénom et son nom, il était vêtu d'habits luxueux!... à vérifier. il a été élevé par un curé, de quelle commune? " 
Les archives des enfants trouvés de Loudun ne sont pas en ligne. 
Toujours est-il que nos deux petits survivants se sont trouvés, se sont aimés et ont eu ensemble 7 enfants

F Eugénie Gabrielle RENOUE 1854-
F Marie RENOUE 1857-1947
H Eugéne RENOUE 1859-1937
F Léonie RENOUE 1862-
H Hypolite RENOUE 1866-1870
H Alfred RENOUE 1869-
H François Alphonse RENOUE 1872-1964

Le 21 aout 1870 Madeleine Pannier (sa nourrice) donne des terres à Eugénie (Source Généanet, arbre de Jean Favre)
- 1901 3 mai décès au Bouchet. AD86


Agnès (13/05/1783)
François (06/09/1785)
Charles (20/11/1788)
Pantaléon (27/07/1789)
André (25/03/1790)
Joseph (1 Thermidor An 2)
Stanislas  (28 Vendémiaire An 4)
Jean  (12 Ventôse an 6)
Louise  ( 7 Fructidor an 8) 
Florence ( 8 Brumaire an 10)
Augustine (15 Frimaire an 11)
Zéphirine (12/09/1808)
Pierre-François (29/06/1809)
Marguerite (09/06/1814)
Eugénie ( 18/01/1832)


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