vendredi 7 décembre 2012

Jean La Liberté exposé le 12 Ventôse An VI - Angliers (86)


Il devait faire bien froid ce 20 février 1798 ! A leur retour de la veillette, une mauvaise surprise attend notre trio d'Angliers. On ne sait pas si c'était soirée Loto  parents d'élèves comme on sait encore en organiser dans le Poitou, mais le panier garni  attendait  Marie-Anne BUSSEREAU, femme de Jacques LEGER, à la porte de sa chambre. Elle appelle sa copine Renée LAURIN, femme DUPUIS et son fils Jacques  DUPUIS, à la rescousse. Ils  n'en croient pas leurs yeux : à peine à l'abri d'une autre fausse porte, un nouveau-né attend. Tout le monde s'accorde sur l'urgence de prévenir les autorités.
Ce sont les citoyens PATRI (qui a perdu son X) et PONCET qui vont instruire l'exposition.
Les femmes sont chargées de démailloter le nouveau-né qui s'avère être un p'tit drôle. Sa layette est correcte, un peu usée, les toiles sont de serge, la petite chemise garnie de mousseline, aucun papier n'est retrouvé sur l'enfant.
 Tout le monde s'accorde sur l'excellente idée qu'a eu sa mère de le confier à la nourrice et il est décidé qu'il restera  chez Marie-Anne BUSSEREAU, qui est priée au nom de l'humanité de bien vouloir lui donner la nourriture et les soins, jusqu'à ce que l'administration municipale de ce canton ait pourvu  à la subsistance et à l'enregistrement de l'enfant. Marie-Anne en bonne républicaine promet de s'acquitter de sa tâche avec fidélité ! On ne sait pas trop ce que cache la formule, ni s'il fallut insister, ni si le choix fut donné de refuser.
Avec sa première têtée, on offre à Jean un avenir plein de promesses : Il s'appelera LIBERTE.


Aujourd'hui douze ventôse sixième année républicaine s'est présenté 
le secrétaire de l'administration de ce canton qui m'a remis un procès verbal 
d'un enfant trouvé dont la teneur suit. 

Aujourd'hui trois ventôse deux heures du matin de l'an sixième de la république
française une et indivisible, nous Casimir AUBIN assesseur du juge de paix du canton
de Martaizé, département de la Vienne, faisant pour empêchement dudit juge
de paix, étant instruit par les citoyesns Jean PONCET agent et Urbain PATRI adjoint de
la commune d'Angliers, que Marie Anne BUSSEREAU femme de Jacques LEGER ; Renée
LAURIN veuve de Jacques DUPUIS et jacques DUPUIS son fils venaient à l'instant de
trouver un enfant naissant exposé à la porte de la maison du dit Jacques Léger;
sommes transportés à la maison susdite accompagné dudit citoyen PATRI, où 
étant arrivés, les dites femmes LEGER et DUPUIS nous ont dit et déclaré qu'en arrivant
de la veillette qui se tient ordinairement dans la maison de François Léger l'ainé, que 
la dite Marie Anne BUSSEREAU femme LEGER voulant ouvrir sa porte de chambre, 
avait trouvé entre la dite porte de chambre et une fausse demi-porte, un panier d'osier
dans lequel était un enfant naissant, ce voyant, avait appelé la dite Renée LAURIN 
veuve  DUPUIS et Jacques DUPUIS son fils, et ayant reconnu que le dit panier conte-
-nait un enfant naissant, ont pris le parti d'avertir les dits citoyens PATRI et PONCET
lesquels nous ont instruit de la dite exposition ainsi qu'il est dit ci-dessus. 

En conséquence avons ordonné aux dites femmes LEGER et LAURIN ainsi qu'à 
Jacques DUPUIS de nous déclarer s'ils n'avaient point quelque connaissance de
la dite exposition du dit enfant, lesquels nous ont dit et affirmé qu'ils n'en avaient
aucune et qu'ils n'avaient vu ni entendu personne. 

A l'instant avons requis les dites femmes de démailloter l'enfant qui 
était emmailloté de trois langes d'étamine gris-fer presque usés, deux mayseaux
a demi usés, une chemise garnie de mousseline et une petite camisolle de serge blanche
a demi usée ; le dit enfant étant démailloté, avons reconnu que c'était un garçon qui
ne paraissait avoir que très peu de jours ; et comme la dite femme LEGER est nourrice
dans ce moment, l'avons priée au nom de l'humanité de vouloir bien donner la nourriture
et d'autres soins nécessaires à la vie dudit enfant, jusqu'à ce que l'administration
municipale de ce canton ait pourvu tant à la subsistance et enregistrement 
dudit enfant. Ladite Femme LEGER à l'instant nous a promis de s'en acquitter avec fidélité. 
Fait et arrêté le présent en présence du dit PONCET agent et PATRi
adjoint sous signé les jour et heure que dessus minute signée  par
PATRI adjoint, PONCET agent pour copie conforme BUZET. 
Et de suite, comme agent national de cette commune, j'ai 
au dit enfant énoncé dans le procès verbal énoncé de l'autre part 
le nom de Jean LA LIBERTE. 
PONCET. 

Source : AD 86 Angliers NMD 1793/1801 page 94/134.
Nom : Liberté
Prénom  :Jean
Date : 20/02/1798.
Heure de découverte : 2H du matin
Lieu de découverte :Porte de la maison de Jacques LEGER
Découvert par: Marie Anne BUSSEREAU, nourrice
Noms des parrain et marraine, témoins : LAURIN Renée, DUPUIS Jacques
Description : linge un peu usé
Documents laissés : non
Confié à : Marie Anne BUSSEREAU femme LEGER

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