jeudi 17 janvier 2013

Travail baclé - Charroux 1722.


Dalouhé, le bon curé de Charroux nous a habitué à un travail un peu plus sérieux... Les fêtes de fin d'année auraient-elles été un peu trop arrosées ?


le vingt sixième jour de décembre mil sept cent
vingt et deux a été baptisée Françoise fille 
illégitime de Catherine de Pelbuisson et d'un père
inconnu........................ le parrain et 
la marraine ont été ................... elle est décédée depuis
et sa mort nous a déchargé d'une plus grand 
attention à cet acte de baptème. 
F. Dalouhé. 

AD 86 BMS 1711/1727 page 155

mercredi 16 janvier 2013

Staff au CHU d'Arçay (86) - 1699



On ne dira jamais assez combien l'orthopédie d'aujourd'hui doit aux pauvres laboureurs du Poitou d'hier !
Que penser d'autre de cet épisode ?
Nous verrons prochainement qu'à Arçay , non contents d'être bavards, pour notre plus grand plaisir, les curés sont un peu carabins. Il leur arrive de diagnostiquer les pathologies de leurs paroissiens.
Est-ce à l'initiative du curé Aubry que fut convoqué tout un convoi de chirurgiens autour de la blessure de François Lhonneur ?
Le pauvre homme tombe de sa charrette,  accident banal, fréquemment mentionné dans les registres, ici et là. La roue lui passe sur la cuisse entrainant une blessure "des plus extraordinaires" qui survient le premier du mois de septembre 1699.
Aubry nous décrit la plaie : elle est ouverte, fractures multiples, plaies vasculaires, nerveuses, musculaires, contusions diverses, gros délabrements.
Quatre jours après, huit carabins et non des moindres se penchent sur son cas.
Voyez plutôt : Le Sieur Durival docteur de médecine de Paris, établi à Loudun (9km), le Sieur Le Noir de Thouars (20km), les sieurs Caillain, Pondartin, Desarennes, Le Suire, La Tour et Boutiller que je n'ai pas pu hélas localiser.
Fichtre, ça fait du monde pour un staff sans smartphone !
Tous ces chirurgiens se réunissent le même jour, soit 4 jours après l'accident, dans la chambre du malheureux blessé.
Ils examinent la plaie, font le bilan des délabrements et réfléchissent "mûrement".
Les doctes avis divergent.
L'acharnement thérapeutique a ses adeptes, la médecine palliative ses partisans.
Ainsi, certains souhaitent l'amputer tandis que d'autres, considérant la gangrène qui gagne déjà le bas ventre du blessé, savent qu'il est trop tard. Ils proposent par des incisions multiples de soulager le malade en drainant l'infection.
La sagesse l'emporte, sous l'oeil attentif du curé, qui a sa p'tite idée en matière d'éthique.

 Dès que la rimbabelle de mandarins a passé la porte, François Lhonneur rend son âme à Dieu dans un dernier soupir de soulagement.

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Je suis allée faire ma curieuse dans l'excellent et fort documenté bouquin de Robert Ducluzeau "Poitevins, médecins des Rois". Il faut toujours avoir son Ducluzeau à portée de clavier. Mais je n'ai hélas,trouvé aucun des chirurgiens du CHU d'Arçay.
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Comme la Sorcière, l'Ours fait son miel des Archives Insolites, toujours avec beaucoup d'humour et d'humanité, pour notre plus grand plaisir. Filez-y dévorer un autre épisode d' "Arçay, ton univers impitoyable". 

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BMS 1693/1702 page 41
François Lhonneur laboureur agé de quarante cinq ans est décédé après
avoir reçu les sacrements de l'église le cinquième septembre 1699 Sa
mort causée par un funeste accident il tomba le premier du dit mois de sa charette
dont la roue luy passa sur la cuisse qui fit un tel désordre dans cette partie de
son corps que les os, en furent tous fracassés les nerfs les muscles les artères
tellement contus quil fut impossible de les réunir : cette playe des plus extraordinaires
fut vue par nombre considérable de médecins et chirurgiens très habiles par
le Sr Duridal docteur de médecine de Paris recemment éstably à loudun le
Sieur Le Noir médecin de Thouars les sieurs Caillain, Pondartin, Desarennes, Le
Suire, La tour, Boutiller tous chirurgiens partie desquels après avoir

murement considéré les fracas de ce membre affligé
furent d'avis de l'amputer mais les autres
plus pytoiables voyant qu'il estait inutille
de tenter cette opération à cause que la gangrène
avait déjà saisi le bas ventre jugèrent qu'il valait
mieux faire de profondes incisions pour découvrir davantage le mal. Toute la
précaution qu'on apporta pour la guérison de ce pauvre homme ne servirent de rien
car il mourut une heure après que le corps de médecine se fut retiré de sa chambre.
Aubry.Curé.



lundi 14 janvier 2013

Le loup d'Arçay - De la rage à la plage. 1725.




C'est le 6 Mars 1725, que la bête fait sa première victime. Féroce, enragé et solitaire, il s'attaque dans le marais à un gamin de quinze ans, qu'il dévore.
Tard dans la soirée du lendemain, il revient à la charge, toujours solitaire et encore plus déchaîné. Dans les maisons de Briande, au village d'Arçay, il s'attaque aux chiens et aux gens. Gabillon, sa femme, le valet de la Ronde et d'autres sont blessés, gravement. L'animal est enragé, les morsures sont graves.
 Le temps presse.
A l'époque, contre la rage, une seule chance d'éviter l'issue fatale : les bains de mer et le sel. Le traitement connu depuis l'antiquité est recommandé depuis le XVIème siècle. Des laisser-passer sont octroyés aux malades, afin qu'ils rejoignent au plus vite l'océan.
Nos villageois prennent la route sans tarder.
 Gabillon trop gravement blessé, lui, reste sur place.
Accompagnée de ses frères, sa femme, ainsi que Cabamier et le valet de la Ronde prennent la route.
Mais la route est longue, trop longue. La femme Gabillon affaiblie par la fièvre ne peut poursuivre. Ses frères la déposent à l'hôpital de Fontenay-le-Comte, à 100 km d'Arçay.
La femme Gabillon y meurt seule, huit jours avant son homme laissé à Briande.
Le reste de l'équipage poursuit sa route, Cabamier et le valet de la Ronde atteignent enfin la plage, probablement celle de l'Aiguillon.
Epuisés.
Il est hélas trop tard, le mal a fait son oeuvre.
Ils meurent tous deux en découvrant l'océan.

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Source AD 86 - Arçay _ 1713/1732 pages 65 et 66



Accident funeste le mardy six mars mil sept cent vingt
cinq un loup enragé dévora un garçon de quinze ans dans le
maris de Vignole de la.. La nuit suivante il revint sur les 
onze heures du soir dans les maisons de briande où il mordit le
nommé Gabillon et sa femme batit les chiens, et encore a
mordu plusieurs personnes, un valet de la ronde et autres qui sont
allés à la mer. 




François Gabillon âgé de quarante six ans est
décédé après avoir reçu les sacrements et a esté
inhumé dans le cimetière le mercredy dix huit avril
mil sept cent vingt cinqu sa mort causée comme est dit de
l'autre part par la morsure d'un loup enragé. Il ne put
aller à la mer tant ses playes estaient dangereuses sa
femme y alla mais ne put s'en retourner, elle fut laissée
par ses frères qui la menèrent à l'hôpital de fontenay
le Conte où elle est morte de la maladie de rage huit jours
avant son dit mari qui en est aussi mort. le nommé friture
Cabamier qui estait aussi allé à la mer en est aussy mort et
aussy bien que le valet de la ronde.

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Les bains de mer supplices contre la rage et la folie.

Histoire des Bains de mer. 


Résolument 2013



Résolument résolutions ? Pas vraiment, une seule devise, naviguer à vue.

En 2012, j'avais demandé l'inattendu...
L'inattendu a attendu le 26 Décembre. C'était ici le jour du Père Noël, cette année il passait en retard.
 A la Godardière, depuis que la ribambelle est majeure, dans la hotte du barbu, il y a un cadeau collectif pour nous,  les parents.   Mathilde, Camille, Constance, Félix, Louise et Joséphine, notre ribambelle réunie, nous envoie en voyage !
Pas n'importe quel voyage, un voyage sur les traces de mes ancêtres.
Ceux dont je sais à la fois tant et si peu.
Ceux dont le peu que je sais, a fait tant de ce que je suis.
Ceux qui lisent dans le marc de café.
Ceux qui réparent les tapis à l'aiguille.
Un voyage...
Sur les traces de Fortunée et Théodore
Sur les traces des juifs du levant...
Un siècle après leur exil,
Un voyage que je pensais ne jamais faire.

Sauf inattendu, je suis résolue à vous raconter ça en mai.

Belle année généalogique à tous, remontez le cours du temps, toutes voiles dehors ! D'une rive à l'autre du fleuve de votre histoire, du levant au couchant,  parfumez chaque escale du bonheur de l'instant.