vendredi 8 mars 2013

Le Caporal Soldat femelle. 1823. Les Affiches du Poitou


Il arrive que la lecture des Affiches du Poitou fasse écho à l'actualité. En quête d'un autre sujet, j'ai croisé un caporal singulier et féminin... 

Une femme qui a été longtemps soldat, vient de mourir à Auxonne, à l'âge de 51 ans. Elle était fille d'un vétéran. Grande et fortement constituée, elle quitta, à l'âge de 20 ans, les habits de femme pour endosser l'uniforme. Prise pour un homme, elle fut reçue en 1791 dans un bataillon de volontaires du Calvados ; elle fit pendant sept ans, sans être reconnue, les campagnes du Rhin et de la Vendée. il parait que son service aurait duré plus longtemps encore, si un coup de feu dans la poitrine n'eût fait découvrir son sexe. Elle fut alors forcée de reprendre la jupe, et obtint du Gouvernement une pension de 238Fr dont elle a joui jusqu'à sa mort. Ce soldat femelle était surnommé Le Caporal. 

Source : Les Affiches du Poitou 1823 page 26. AD 86

Singulier mais pluriel !
Elles sont jeunes. A la révolution, elles y croient à cette égalité qui semble s'offrir à elles. Elles la saisissent dans tous les domaines, nous l'avons vu pour le divorce dont elles ont souvent à l'initiative.
Il en est de même de l'engagement. Du citoyen et du militaire.
Les armées républicaines mélangent les civils, les militaires, les femmes, les enfants.
Mais elles font peur. Elles seront vite chassées, renvoyées à leurs fourneaux, à leurs marmots.
Citoyennes, combattantes, elles dérangent.
Fabre d'Eglantine s'insurge, en 1792 contre ces femelles guerrières ! Armées que vont-elles faire subir aux hommes ?
Qu'à celà ne tienne. Les voilà travesties qui continuent le combat. Clandestines, elles trompent leurs frères d'armes assez facilement.
Sans-culotte elles sont, sans-culotte elles resteront.
Parfois, elles suivent leur mari, mais pas toujours.
On en recense 80 dans les archives parlementaires.
Elles sont toujours là sous l'Empire.
Guerrières femelles, travesties.
Démasquées, blessées, elles sont renvoyées du champ de bataille. Parfois leur courage est reconnu, salué, récompensé. Leurs faits d'armes aussi.  Si certaines sont jugées, voire emprisonnées, d'autres sont médaillées, pensionnées.
« Ce n’est point en femme que j’ai fait la guerre, je l’ai faite en brave.» dira en 1805, Mme de Xaintrailles, qui a fait sept campagnes dont celle d'Egypte et demande justice à Napoléon.

Qui est ce "caporal femelle" des Affiches du Poitou, blessée et démasquée ? Peut-être Marie-Louise Félicité Duguet ? Je n'ai pas réussi à l'identifier  parmi toutes celles dont on garde la mémoire.
Allez les lire, c'est passionnant !