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1818-1824, Mourir à
Vivonne…
C'est le six Mars 1818, en rédigeant l'acte de décès de
Catherine Proust que l'idée vint à Mr Enard, maire de Vivonne, d'indiquer systématiquement,
sur la foi des déclarations de l'officier de santé, la cause du décès de ses compatriotes.
Et ce, pendant six ans, offrant ainsi au
généalogiste de passage, un trésor rare ! Mr le maire était-il carabin ? Friand
de science ? C'est à voir. Toujours
est-il, qu’une petite initiation à la sémiologie du XIXème siècle permet
d'établir quelques éléments statistiques, d'identifier quelques anecdotes. Bref,
de faire vivre ces décès !
Le poumon !
Toujours le Poumon !
Catherine Proust est
morte, de « phtisie pulmonaire », c'est à dire de tuberculose.
Fluxion de poitrine, consomption, catarrhe pulmonaire, et autres écrouelles, le
poumon, toujours le poumon ! Les
maladies vermineuses sont parasitaires
et infantiles. Les fièvres sont
cataloguées à la Prévert : scorbutiques, putrides, adinamiques, remittentes,
ataxiques, cérébrales, lente, catarrhales, bilieuses, ataxiques, asthéniques,
quartes, tierces...Les hidropisies signent l’insuffisance cardiaque. Si les diarrhées sont à l’évidence asthéniques,
certaines affections demeurent bien mystérieuses :. les exquinancies sont
des amygdalites, mais que sont ces encophlegmaties, ces dépôts à la tête ? Le
grand âge a son cortège d'affections spécifiques : langueur, caducité, la décrépitude
est outrageusement féminine... Le crabe lui, ne signe qu’une fois : «une diathèse
cancéreuse » emporte Magdeleine Nicoulaud à 60 ans.
La mort rôde autour
des enfants.
Quant aux tout petits « mort-nés », ou des « suites
de naissance », ils sont qualifiés « prématurés », au sens de
morts trop tôt. Les enfants paient le plus lourd tribu à la faucheuse :
48,6% des décès ! Suivant parfois le trajet de la sage-femme, de maison en
maison, brutale, inexorable, la fièvre puerpérale emporte les mères à peine
délivrées.
1824, une mystérieuse
épidémie.
En mars 1824, le drame s’annonce au village. Fièvre, rhume, catharres,
exquinancies, emportent brutalement une
dizaine d’enfants, 7 le mois suivant. Enard( allez savoir pourquoi)arrête ses
relevés étiologiques. En Mai, le mal est
à son comble. Il meurt 24 jeunes de plus. Entre Mars et Avril, 51 personnes
disparaissent, 84% sont enfants ou jeunes adultes. Avec un total de 96 décès,
la mortalité double à Vivonne, comme alentours, emportant des fratries
entières. Deux ans plus tard, la
faucheuse a passé son chemin, la mort reprend son rythme ordinaire, et
l’épidémie garde son mystère. A moins
qu’il n’en reste trace dans les comptes-rendus municipaux signés Enard?