lundi 8 juin 2015

G comme l'insolite de Genouillé (86) - #challengeAZ

Le temps des cerises à Genouillé... et autour.



Nous sommes en juin et une mise en garde s’impose : A la lecture des registres paroissiaux, manger des cerises nuit gravement à la santé ! 
C'est la leçon que nous donne en juin 1684, ce pauvre Pierre La Cheze de Genouillé : "Le dix neuvième jour de juin mil six cent quatre vingt quatre, nous avons enterré, au cimetière de Genouillé, Pierre La Cheze, valet à Louis Pelin, laboureur, lequel est tombé d’un cerisier et s’est tué, du village de La Combe, en présence de Léonard Grange, Thomas Morichault, Pierre Grangé, Jacques Vriet et autres qui ont déclaré ne savoir signer, hors les soussignés, fait par nous prêtre curé de St Clémentin, soussigné, le jour et an susdit."
Méfiez-vous les gourmands , non seulement des peines d’amour, mais des chutes cruelles ! En effet parmi les morts accidentelles retrouvées, une des causes les plus fréquemment relevées dans les registres paroissiaux est la chute d'un arbre. Et de tous les arbres fruitiers, le cerisier est le plus dangereux !  Il est suivi de près par le poirier et de très loin par le noyer. 

Quelle étrange idée aussi d'aller se percher dans un noyer. Jeanne Pingault avait trente ans.  Il est intéressant de noter que, de mémoire de curé, mis à part un certain Newton qui n’était pas de la région, aucun pommier n'assomma jamais personne !
Tous accidents confondus, le XVIIème siècle est particulièrement meurtrier, et les morts suite à des chutes d’arbres sont en grande majorité brutales et immédiates ! Ce qui laisse perplexe. Au gang des fruitiers, la prune post-prandiale pourrait-elle jouer un rôle complice dans la fatalité de l’issue ? N'y aurait-il pas, parmi ces morts brutales, quelques règlements de compte maquillés ? L'arbre de l’accident ne cache-t-il pas de temps en temps, la forêt du désespoir, plutôt que les fruits de l'imprudence ?
Que penser de ces deux actes de sépulture successifs à Bouresse, fruits d’un incroyable hasard : « Le 7 juillet 1665 a este inhumé Michel Mergault qui s’est tué à la Quinetière en cueillant des cerises » et voilà que cinq jours plus tard c’est le tour de Martin Rousseau : «  Le 12 a este inhumé Martin ROUSSEAU aussi en cueillant des cerises » Le curé n’en revient pas !

Charlotte Girard de Thuré, Jeanne Amiot de St Gaudent, Pierre Brun de Blanzay, morts au temps des cerises, au temps des peines d’amour.
Combien de drames se cachent derrière ces actes de sépulture de juin et juillet,  qui, à grand renfort de témoignages de bonne foi catholique, écartent l’hypothèse d'une origine suicidaire ? Le suicide, ce grand absent des registres, mais aussi de la presse ! Il apparaitra  à la rubrique faits divers au début du XXème siècle. On découvrira alors par la multiplicité des articles et des entrefilets, l’intensité du désespoir qui sévissait dans les campagnes du Poitou. De quoi innocenter rétrospectivement, quelques dizaines d'arbres fruitiers ! 

Source : AD 86 Registres Paroissiaux.
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1 commentaire:

  1. J'ai trouvé en Bourgogne un couvreur qui est mort en tombant d'un toît. On ne parlait pas d'accident du travail à l'époque...

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