mardi 12 mai 2015

Royal Babies !



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Royal Baby ! Au petit matin du 6 mai, une tête couronnée a pointé le bout de son joli nez ! Voyez toutes ces fées, penchées,  attendries sur le petit berceau !  Aujourd’hui  est  jour de liesse, de refrain populaire et d’heureux présage !  Dans son presbytère, le curé solitaire, lève-t-il encore son verre et  sa plume pour ces nativités particulières ?  Les dynasties passent, parfois trépassent, laissant à ces éphémères moments d’enthousiasme, une étrange douceur,  mi layette, mi sépia.
1751, la naissance du Duc de Bourgogne à Versailles, héritier de la couronne, arriva aux oreilles des paroissiens de la Chapelle-Moulière,  peu après le 13 septembre. Quelle fête ce fut dans tout le Poitou ! «  A la naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne, le Roy (Louis XV, son grand-père)  a doté douze filles dans toutes les villes royales et il en a fait donner à chacune 300 livres. Ce fut Monseigneur l’Evêque de Poitiers qui épousa les douze de Poitiers dans l’église de Saint-Pierre, leur  repas fut fait à l’intendance au mois de novembre 1751. »
Hélas, notre jeune prince mourut à 9 ans après une mauvaise chute. Son frère, le Duc de Berry hérita du trône. Devenu Louis le  XVIème, il donna à son premier fils, en hommage à son ainé disparu, le prénom de Louis Joseph. Pour le Dauphin, ce royal enfant, en 1781, Les Affiches du Poitou, le nez dans les étoiles,  s’illuminèrent d’une « Allégorie Astronom- Astrologique » : « Mercure, Jupiter et Vénus arrivèrent ensemble au méridien de Versailles au moment exact de l’enfantement. Mercure fit au prince de Caducée présage heureux  de paix pour les peuples d’Europe. Il est certain que Monseigneur le Dauphin est né sous les plus heureux hospices ! …»

Vous pensiez  décrétée la mort du latin ? A vos Gaffiot ! Le 27 mars 1785, pour Louis Charles, l’enfant royal suivant, le curé de Cuhon convoqua Virgile et son quatrième Eglogue, donnant sa place à ce « nouveau rejetton » parmi les immortels : « In nova progenius  caelo de nuittus alto -  llle deum vitam accipiet divisque videbit  - permixtos heroas et ipse videbitur illis -pacatumque reget patriis virtutibus orbem » . Les colonnes des Affiches, plus pragmatiques, fredonnèrent  en écho : « Par cet enfant qui vient de naitre, - le trône est encore raffermi -Si le ciel quelque jour vous le donne pour maitre - François, il est bourbon, il fera votre ami. »
Quatre ans plus tard, l’Histoire n’en fit qu’à sa tête. Se moquant des heureux présages, des éphémères  moments de liesse, la France debout, accoucha d’une Révolution,  fit vaciller les couronnes, laissant pour  la postérité, à la foule sentimentale de ses sans-culottes un curieux sentiment de… Baby-blues. Carpe Diem.
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Autres mentions dans la presse ou les registres. 



Mention dans la presse ancienne de la naissance de Marie-Thérèse-Charlotte. 


Illustration :  Marie-Antoinette et ses enfants par Louise-Elisabeth Vigée- Lebrun. Source Wikipédia