vendredi 19 juin 2015

Q comme l'insolite de Queaux (86) - #ChallengeAZ




A Qeaux, aucun doute possible : De 1782 à 1792, on a un problème avec la matrone !!!  "Ondoyé et mort au bassin", "ondoyé et mort au bassin". La mention "mort au bassin", je ne l'avais jamais rencontrée jusqu'à présent. Les  mentions de morts-nés sont fréquentes dans les villages, la mort entoure la naissance, le risque est là, présent, lorsque la mère survit c'est déjà un grand soulagement. Ces mentions sont à peine des insolites, tant elles sont "banales". Mais parfois, il y a un problème, la mort envahit l'espace de la naissance. Il peut arriver qu'elle suive le parcours de la sage-femme sur une courte période, on pensera alors à l'infection qui se propage de maison en maison. Mais à Qeaux sur dix ans, je n'ai jamais vu ailleurs autant de mentions, inévitablement on pense à la matrone, face à une telle hécatombe. 1782, six morts au bassin pour quatorze naissances ! 1784 encore six enfants perdus... Au moins deux enfants morts-nés par an, souvent trois, quatre... Aucune mort maternelle. L'enseignement des sage-femmes dans le Poitou est encore bien rare. Madame Du Coudray est venue donner des cours, elle a apporté sa machine, le Dr Maury a pris le relai de cet enseignement. Mais il touche peu les campagnes et les curés commencent à peine à sélectionner les paroissiennes afin qu'elles bénéficient d'un rudiment de connaissances avant de s'instituer sage-femme du village. A Queaux, il est grand temps que le progrès arrive ! Ici c'est l'accumulation qui fait l'insolite et ces archives méritent que l'on se penche plus précisément sur le sujet, que l'on verifie les naissances ultérieures de ces accouchées, l'âge de leur décès. Anne Cavin perd son enfant en janvier 1785, et meurt en septembre, sans précision particulière, à l'âge de 33 ans.

Le chapitre des naissances est décidément étonnant à Queaux, nous voilà avec des triplés. Là, quelle que soit la formation de la sage-femme, les petits ont bien du mal à survivre, la mention d'ondoiement n'est pas étonnante pour les trois nouveaux-nés "morts au bassin" de Jacques Chantreau et Marguerite Régné
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Un petit assassinat me tire par la manche, les chemins, non plus, ne sont pas très surs à Queaux...


Antoine Martin âgé d'environ 35 ans ayant été assassiné hier soir en s'en allant du bourg chez lui au bourg de Grand Chaume ne m'ayant donné aucne marque de vie lorsque j'ai arrivé ou il a été trouvé il a été enterré au cimetière en présence de Antoinette Cherpantier sa mère, Jaque et René Martin ses frères, Pierre Martin et autres.
Source : ADV Queaux BMS 1720-1728 vue 36. Relevés GE86
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Heureusement, la vie religieuse à Queaux est riche : Reliques et baptêmes de cloche, nous content le quotidien de la paroisse, mentionnant les notables.


"L'an mil sept cent soixante et douze et le dix-neuf juillet, je prêtre curé de cette paroisse soussigné assisté de messieurs Gauffereau curé de Bouresse, Duffour curé d'Adriers, Ouillard curé de Lussac le Château, Conte curé de Gouex, Proust curé de Maserolle, Royer curé prieur de Salle en Toulon, Remerand père dedos gardien du couvent de la Rallerie, Bonnet curé de Persac, Coyrault vicaire de cette paroisse, nos confrères, ai fait l'exposition publique et solennele des Reliques des saints martins didier ... ... et tranquile que j'ai fait venir de Rome, les quelles ont été authorisées par le souverain pontife Benoist quatorse, comme il paraist par l'authentique qu'il a donné à ce sujet, le quatre mai mil sept cent quarante quatre par la quelle il en permait l'exposition à la veneration du public, signée ... cardinalis vicarius et contresignée Cardi Bienetisievetarius, la quelle authentique a été reconnue et les reliques égallement authorisées par monseigneur de la Marlonie évêque de Poitiers qui en a donné un acte en forme en datte du deux aoust mil sept cent cinquante huit J. L. évêque de Poitiers, lesquelles Reliques j'ai fait enchasser les deux châsses différentes, dont ... en presence les ossements des saints martins didier, et clair, et..."

Relevé par http://geneablog86.over-blog.com/
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1727, 1751, 1788, c'est la fête des cloches au village !!!

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chasseur de loups :
MERIVE Janvier 1770
Source Série C66.
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jeudi 18 juin 2015

P comme l'insolite de Persac (86) - #ChallengeAZ



Au  menu des archives insolites, c'est l'ancien régime qui régale. Les curés sont bavards, et même s'ils obéissent aux lois de Dieu, il leur arrive de prendre quelques libertés avec le catéchisme de l'écriture des actes, ce qui nous mitonne d'étonnantes révélations.
La Révolution passée, l'officier d'Etat civil qui a pris le relai de la rédaction des naissances, mariages, et décès, plaisante nettement moins. Fini les ratures, les dessins, les poésies qui trainent sur les pages blanches, les chroniques météo et les rappels à l'Histoire. L'archive insolite, sauf lorsqu'elle fait mention d'un cadavre retrouvé sur un chemin est nettement moins bavarde.
Celle retrouvée à Persac n'en est que plus savoureuse. Les animaux s'invitent aux archives, sur invitation de l'acte de décès du jeune Léonardi Paolo, agé de treize ans, fils de Léonardi Franco, laboureur et Angela Dominique demeurant à Stréla dans le Duché de Parme. Le petit Léonardi  est domestique de Capellini Francesco, lequel est conducteur d'animaux : d'une ourse, d'un dromadaire et de trois singes !! Tous ces protagonistes sont mentionnés en marge de l'acte de décès du jeune domestique !!!
Voilà donc un acte triste qui pose une lueur joyeuse sur la vie du village de Persac. Si comme souvent, on ne saura sans doute jamais rien de la mort de ce jeune, on imagine les villageois à la fête, admirant pour la première et peut-être seule fois de leur vie toute cette ménagerie !
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Source : ADV Persac NPMD 1838-1840 p 45 gauche.

mercredi 17 juin 2015

O comme L'insolite de Orches.


Avec l'insolite, on croise parfois du beau monde. Voyez à Orches pour le baptême du petit Jules, un parrain VIP en la personne de Louis Georges Oudard Feudrix BREQUIGNY, dont le curé ( eh oui c'est encore le curé qui fait le travail) nous dit qu'il est l'un des quarante de l'Académie Française et de celle des Inscriptions et Belles Lettres !! Arrière grand-père maternel du nouveau-né ! Un tel ancêtre mentionné dans un baptême est un insolite dans l'insolite. Elevé ici à la puissance deux, puisque le petit Jules a la chance d'avoir encore son arrière grand-mère paternelle ! Une famille de centenaires à suivre ! Elevés au rang de parrain et marraine, les bisaieux se sont fait représenter, mais tout de même...
On notera au passage que Madame BAROUX est sage-femme sur Châtellerault, ça peut toujours servir ! Et qu'elle ne sait pas signer, ce qui est un peu inquiétant sur la qualité de sa formation. Mais c'est une autre histoire....
Revenons à notre académicien perdu dans un registre du Poitou.
Voilà les informations le concernant trouvées sur le site des immortels :


Né en Normandie, le 22 janvier 1714.
Historien et érudit, il fut admis à l’Académie des Inscriptions en 1759. Il fut nommé le 23 mai 1772 à l'Académie française, sans sollicitations, au fauteuil de Armand-Jérôme Bignon, en remplacement de l'abbé Delille dont l'élection n'avait pas obtenu la confirmation royale ; il fut reçu par le prince de Beauvau le 6 juillet 1772. Il fut le dernier élu sous le protectorat de Louis XV.
Le gouvernement envoya Bréquigny à Londres avec la mission de recueillir dans les archives et les collections nationales les documents relatifs à l'histoire de France ; il en rapporta 12 000 copies de pièces qui forment 107 volumes à la Bibliothèque nationale. Il assista à la dernière séance de l'Académie le 5 août 1793 ; quelques jours après, elle était dissoute par la Convention.

Mort le 3 juillet 1795.

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L'an mil sept cent quatre vingt onze et le neuf aout avant midi a été 
baptisé Jules Louis né du matin du légitime mariage de M. Pierre Louis
François La Chesnaye et Dame Marie Henriette De Varusse demeurant aux 
Clouseaux : le parrain a été M. Louis Georges Oudard Feudrix Brequigny
l'un des quarante de l'académie française et de celle des inscriptions et
belles lettres, bisayeuil maternel du baptisé représenté par le Sieur Pajeault
entrepreneur, et la marraine Dame Françoise Marguerite Douet veuve de 
M. François Gabriel Césard Courault Salvert, bisayeul paterneille du 
baptisé représenté par Madame Baroux sage-femme en la ville de 
Châtellerault, qui l'un et l'autre ont déclaré ne savoir signer....




mardi 16 juin 2015

N comme l'insolite de Nieuil-l'Espoir (86) - #challengeAZ


Des petits assassinés on en trouve quelques uns dans les registres paroissiaux, ils s'ajoutent avec bonheur à mes dépouillements judiciaires. Parfois les histoires se complètent, le curé est bavard et donne sa version, ou bien c'est un taiseux qui enterre les victimes de violence comme si de rien n'était. Mais, la plupart du temps, dans les registres paroissiaux, si l'on entend parler de la victime et pour cause, des circonstances et lieu de la mort, on entend rarement parler du criminel. J. Ferre le prêtre de Nieuil nomme clairement l'assassin de Gabriel BOUTET, lhomme de 45 ans, frappé à la tête à l'aide d'une pierre ( un grand classique des p'tits assassinats de l'époque) par un nommé François MAIGRET. Le pauvre Gabriel meurt 4 jours après son agression, le trois mai  1679. 


"Gabriel BOUTET a esté enterré par moy soubsigné
"en leglise de Nieuil lEspoir le quatoziesme may
"mil six cent soixante et dix neuf aagé de quarante
"cinq ans, ayant esté frappé a la teste dune pierre
"par un nommé François MAIGRET le trente avril
"susditte année et décéda de ce malheureux coup
"le troiziesme may aussi susditte année
J. FERRE prestre curé de Nieuil
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Source : Nieuil-l'Espoir-BMS-1677-1703-vue 9 (dernier acte) - Relevés GE86

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Baptême tardif avec initiation latine pour Marie, fille de Marie "cujus pater incognitus", eh oui, vous avez trouvé "dont le père est inconnu" ! Père inconnu, père inconnu, ce n'est pas vraiment une raison pour attendre six ans pour se faire baptiser. Calvin et sa religion réformée est en filigrane de cet acte particulier. Qui est la maman Marie GUIOT, est-elle vivante, partie ? La petite Marie a-t-elle été abandonnée ? Mise en nourrice ? Elle est "nourrie" au village de Vayolle par Catherine MARTRON et Jean GAULTIER, pourquoi, depuis quand ? Cette archive pose, comme souvent, plus de questions, qu'elle ne donne de réponse !


"ce jourdhuy huictiesme de decembre mil six cent
"cinq(an)te cinq Marie fille de Marie GUIOT cujus pater
"est incognitus aagee de six ans et demy ou en(viro)n
"toujours nourrit au village de la Vayolle de cette
"parrosse de Nieuil par Jean GAULTIER et Catherine
"MARTRON a esté baptisee p(ar) moy p(rê)tre soubsigne
"en leglise dud(it) Nieuil son parain est Jean
"MARTRON et sa maraine est Marie GAUTIER
"tous de cette p(a)roisse lesq(ue)ls ont declare ne scavoir
" de se enquis baptisee p(ar) moy

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Source : BMS Nieuil--1637-1673-vue 43 - Relevés GE86

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A l'inventaire des accidents, le puits est un grand fournisseur. Il y tombe bien plus de filles que de garçons. C'est ce qui arriva à la petite Jacquette FONTAINE, agée de 14 ans, dont on ne nous dit rien de plus... 

"Jacquette FONTAINE aagée de quatorze ans tombas dans le puis de la (...)
"de Nieuil voulant puiser de l'éeau et y mourut le seize septembre (mil)
"six cent quatre vingt cinq et son corps fut inhumé au cimetiere de (céans)
"par moy soubsigné le dix septiesme dudit mois susditte année
FERRE curé de (Nieuil)
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Source : Nieuil-l'Espoir BMS-1677-1703 vue 28 - Relevés GE86

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Et pour terminer, nous voilà avec un couple mixte !! Estranges Estrangers ! Charlotte TREPIGNAT appartient au beau monde de la paroisse, voyez, munie de tous les sacrements (pénitence, eucharistie, Extrème onction) elle est inhumée dans l'église le 12 mars 1707. Son époux est anglais et se nomme Henry BARKER, natif de Londres, et fils d'Henry BARKER milord, et clairon de la Couronne !!! Le registre qui abrite cette archive, est riche. On y trouvera également un vieillard mort sur le chemin, une pauvre noyée, et de nombreux décès de personnes agées qui ont toutes exactement le même âge : quatre-vingt ans ou environ. Enfin ça c'est pour ces messieurs, les dames, les pauvres meurent bien plus jeunes ! 

Le douzième jour de mars mil sept cent sept a esté inhumé dans 
L'église de nieuil Lespoir charlotte Trepignat femme d'henry
Barker natif de Londres fils d'henry Barker milor et clairon? de la coronne, après avoir reçu les sacrements de 
penitence d'Eucharistie et d'extremonction par moy soussigné 
Laq trepignat aagéé de 40 ans.  A. Orillard prêtre curé 
Source : Nieuil-l'Espoir BMS 1704-1722 page 15. 


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Chasseurs de loups 
Chatel François en 1770
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Patronymes relevés dans les Petites Affaires Criminelles de Nieuil indexées. 
LAURENDEAU -GUIGNIER - TURPAULT - DIXINIER

lundi 15 juin 2015

M comme l'insolite de Migné-Auxances (86) - #ChallengeAZ


A Migné-Auxances, l'archive est coquine !!

Le vingtcinquième aoust an cy dessus a esté baptisée en léglise de St-pierre
de Migné jeanne concue par fornication de laquelle le père le nomme a ce
qu'on ma raporté René (Jean rayé) RAT de la paroisse de Bonne sa mère est
Jeanne GIRAULT a esté parrain Vincent ROUX qui a signé le pr(esenàt acte
marraine Jeanne CAHOUR qui a declaré ne scavoir signer.

BMS-1689-1700-vue51/107-Migné (année 1695)

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Archive confiée par Cryptus Anonymus (GE86)

Le mois de Juin avance et le temps manque. Potager, petite descendance, l'été pictave impose son rythme qui s'ajoute à celui effréné de ce challenge. J'ai peur de ne pas terminer... Voici avec cette archive, une mise en bouche, si j'ose dire : un village, un insolite. Tranquillement et ultérieurement, dans la douceur de mes hivers plus solitaires, je compléterai les données sur chaque village et poursuivrai la ronde des villages de A à Z, un village par semaine... Environ.
De l'étonnement partagé à la collection. 
Certains me demandent comment j'en suis arrivée là. Là, à tant et tant d'insolites retrouvés.
Il y a la vie des blogs et il y a la vie des clubs. Le mien s'appelle GE86. Inscrite depuis mes premiers pas en généalogie, c'est là que j'ai posé mes premières questions naïves, que j'ai découvert cette passion des archives, que je me suis fait des amis, que je me suis fait doucher aussi... C'est là, à travers une liste de diffusion dynamique, que j'ai rencontré des passionnés discrets, talentueux, indulgents souvent et parfois bougons.
Les sorcières se méfient des fées, mais n'ont pas peur des ogres.
Il est des ogres paléographes étonnants.
Cryptus Anonymus, que tout l'monde connait dans l'Poitou généalogique est de ceux-là. Le XIXème, XVIIIème c'est pas son rayon, c'est trop facile à lire. Lui, il lui faut du lourd, du challenge, du déchiffrage, du XVIIème.
Pendant que certains, comme moi, usent leurs lorgnons sur trois lignes, lui a dévoré trois pages, mis en contexte, en synthèse.
Bref, un artiste, comme tant d'autres méconnus de nous pauvres geeks ! La toile n'est que la partie émergée de l'Iceberg. Rendre hommage, assurer à travers nos publications, nos indexations, une mise en lumière de ce talent là, c'est une chance,
Une vraie chance.
La chance que me donnent souvent Cryptus et les autres de la bande de GE86, en partageant leurs trouvailles, en corrigeant mes fautes de lecture...
Merci à eux, merci à GE86.

A suivre !!!